Anatomie

 

Le lapin possède 28 dents, très longues est en grande partie cachées dans la gencive et l’os de la mâchoire.
Seule une petite portion de chaque dent ressort et est visible extérieurement. Elles poussent de façon continue, tout au long de la vie et s’usent en s’affrontant les unes contre les autres.

Incisives:
»La mâchoire supérieure porte 4 incisives, 2 principales, en position rostrale et 2 petites secondaires cachées derrières les principales. La mâchoire inférieure porte 2 incisives (absence d’incisives secondaires). Leur extrémité présente un bord incliné à 45° vers l’intérieur de la cavité buccale.
»Les incisives supérieures et inférieures se touchent bord à bord, quand la bouche est fermée, les incisives inférieures se plaçant alors entre les incisives supérieures principales et secondaires.
Canines :
»Absence de canines, l’espace d’os et de gencive, laissé libre à cet endroit, est nommé « diastème ».
Prémolaires et molaires :
»Anatomiquement, prémolaires (PM) et molaires (M) sont identiques et accolées les unes aux autres. La mâchoire supérieure présente 3 PM et 3 M. La 6ème dent est plus petite que les 5 autres. La mâchoire inférieure présente 2 PM et 3 PM, droites ou courbées selon leur localisation. Il y a donc 12 molaires supérieures et 10 molaires inférieures. Pour chaque PM et M, la face située côté langue est appelée « bord lingual » et la face situé côté joue est appelée « bord jugal ».

»Les 4/5ème de la dent sont cachés dans la gencive et dans l’os de la mâchoire; 1/5ème seulement est visible dans la cavité buccale. Les surfaces dentaires accolées forment le « plateau dentaire ».

»Les PM et M inférieures sont légèrement inclinées à 10° vers la langue. Les dents supérieures sont légèrement inclinées à 10° vers les joues.
Relations entre incisives, diastème et PM :
Les incisives se prolongent par leur racine dans l’os mandibulaire. Ces racines s’arrêtent, pour les incisives supérieures, à environ la moitié de la longueur du diastème. Les racines des incisives inférieures s’arrêtent au niveau de la PM 1.

Usure normale

 
Toutes les dents du lapin, molaires, prémolaires comme incisives présentent une croissance continue (dents à racines ouvertes et à croissance illimitée).
La mastication joue un rôle primordial dans l’usure dentaire ; les mouvements de mastication sont latéro-latéraux (gauche-droite / droite-gauche), mais également cranio-caudaux (d’avant en arrière). Ces mouvements assurent un contact et un frottement répétés des dents supérieures avec les dents inférieures sur toute leur surface.
La croissance des dents est d’environ 1 cm par mois. L’usure se fait tous les jours, parallèlement à la croissance naturelle, millimètre par millimètre.

Mastication normale et anormale

 
L’usure des plateaux dentaires dépend du mode de mastication de l’animal. Une alimentation déséquilibrée en fibre conduit à une usure anormale et irrégulière des dents et à des maladies de malocclusion. D’autres causes peuvent également être à l’origine d’une mauvaise usure dentaire : prognathisme, mauvaise implantation des dents, fractures osseuses, fractures dentaires etc.
En mangeant des granulés pauvres en fibres, le lapin n’use pas ses dents. Il écrase les granulés et les avale. Les plateaux dentaires écrasent les aliments au lieu de les broyer. En mangeant du foin et des fibres, le lapin use ses dents en mobilisant les plateaux dentaires latéralement et d’avant en arrière.

Malocclusion des molaires

 
Lors de mauvais affrontement des dents inférieures avec les dents supérieures, la croissance dentaire devient irrégulière et des élongations coronaires (ou spicules dentaires) apparaissent. Elles sont à l’origine d’une malocclusion dentaire.
En cas malocclusion, les molaires supérieures poussent généralement vers les joues, en forme de moustache et provoquent des plaies et infections.
En cas de malocclusion, les molaires inférieures poussent généralement vers la langue, en forme de pointes et provoquent des plaies et infections linguales.
En pratique, on peut observer des malocclusions des molaires inférieures et supérieures, de façon distincte ou concomitante. L’ensemble des molaires ou seulement certaines d’entre elles peuvent être concernées.

Lésion induite par les molaires

 
La plaie provoquée dans la joue ou dans la langue commence par une simple coupure ou ulcère par frottement, accompagnés de saignements. La lésion devient ensuite très inflammatoire. Les cas infectés présentent une accumulation de pus. On observe dans les cas chroniques une accumulation de tissus nécrosés et de fibrine parfois associés à un pourtour cicatriciel.
Ces lésions seront toujours présentes après le traitement de la malocclusion, il conviendra de bien les évaluer et les prendre en compte dans le suivi post-opératoire de l’animal (dysphagie ou anorexie persistantes jusqu’à cicatrisation complète).

Traitement des molaires

 
Le traitement des malocclusions des molaires consiste à éliminer les excroissances (élongations coronaires) à l’aide d’une pince coupante adaptée ou d’une fraise montée sur turbine. On parle de nivellement des plateaux dentaires. Il convient d’informer le propriétaire des récidives à venir de ia malocclusion. Celles-ci pourront être partiellement gérées et espacées en modifiant le régime alimentaire (alimentation fibreuse).
Ce traitement est accompagné d’une extraction dentaire en cas de mobilité importante de la dent, de fracture dentaire ou d’abcès péri-apical. Un traitement conservateur est préconisé dans les autres cas, afin de conserver une fonction masticatoire aussi complète que possible. L’extraction des molaires doit être réalisée de façon raisonnée, au cas par cas (dent fortement inclinée, récidives trop fréquentes). Si un traitement par extraction dentaire est effectué, l’extraction de la dent opposée n’est plus d’actualité, celle-ci doit être conservée.

Malocclusion des incisives

 
Les incisives ont également une croissance illimitée. L’usure se fait naturellement, dent contre dent quand elles s’affrontent correctement.
Les malocclusions des incisives apparaissent pour diverses raisons : malformation d’origine génétique (malposition dentaire), carences alimentaires, fragilité et déformation progressive, fracture et modification de l’implantation.
La malposition des incisives supérieures secondaires sont le plus souvent sans conséquences.
En cas de malocclusion, les incisives supérieures poussent généralement de 2 façons :
» Soit caudalement, vers la cavité buccale, en se courbant jusqu’au palais où elles provoquent une gêne à la prise alimentaire et parfois des plaies.
» Soit latéralement, en « moustaches ». Pas de plaie dans ce cas, mais une gêne importante à la prise alimentaire.
En cas de malocclusion, les incisives inférieures poussent généralement droites, soit devant le nez ou parfois dans la lèvre supérieure, soit cranialement à l’horizontale. Dans les 2 cas, elles sont à l’origine d’une dysphagie, d’une gêne à la prise alimentaire et parfois de plaies dans la lèvre ou le nez.
Signes d’alerte

 
Lors de malocclusion dentaire, les signes observés sont :
» Un écoulement de salive excessif sur le menton et le cou,
» Une dysphagie ou une anorexie,
» Des frottements de la bouche avec les membres antérieurs,
» Un amaigrissement,
» Des plaies dans les joues, la langue, le nez, les lèvres ou les gencives, selon la ou     les dents concernées.

Les dents du lapin